Cultures intermédiaires «Rien ne pousse» (1)
Henri-Bernard Cartier demande une dérogation «incident climatique» au projet d'arrêté.
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«La profession ne refuse pas d'installer des couverts végétaux en interculture, commente Henri-Bernard Cartier, agriculteur à Castelnau-Barbarens dans le Gers et président de la chambre d'agriculture mais, avec nos conditions pédoclimatiques, cela est impossible dans nos régions !»
Pour preuve, des essais ont été réalisés dans tout le département avec des sols, des itinéraires techniques et des mélanges de semences différents. Pour tous, le constat est le même: rien ne pousse!
Sol argileux et sécheresse en cause
«Après la récolte du blé, raconte Henri-Bernard Cartier, j'ai réalisé un semis direct de plusieurs couverts dans d'excellentes conditions: moutarde, avoine, mélange vesce-avoine, moha-trèfle, millet-trèfle-vesce. Les graminées n'ont pas germé, seule la moutarde a levé de façon hétérogène, sans couvrir le sol.»
En cause: le sol argileux et la sécheresse. Dans le projet d'arrêté soumis au Coderst (Conseil départemental de l'environnement et des risques sanitaires et technologiques) fin août, l'étude des dérogations pour la couverture des sols est en cours.
«Nous avons proposé une dérogation "zone argileuse" qui tolère une non-implantation de couvert sur les communes qui présentent un taux d'argile supérieur à 25 %, à l'exception des zones de captages, précise le responsable agricole. Mais je souhaiterais voir apparaître dans ce projet une dérogation "incident climatique" pour que les agriculteurs ne soient pas pénalisés par une amende l'année où rien ne lève, comme en 2009. Dans nos régions sèches, nous avons une chance sur cinq, voire sur dix de réussir l'implantation d'un couvert !»
En contrepartie de cette dérogation, comme pour celle qui concerne les zones argileuses, l'agriculteur est prêt à réaliser un bilan azoté, à broyer les résidus de culture et à ne détruire les repousses et adventices qu'à partir du 1er septembre.
Un réseau de parcelles de référence, des mesures de reliquats et des expérimentations visant à tester des itinéraires techniques accompagneront le dispositif dérogatoire.
Un coût non négligeable
Cette demande de dérogation pour incident climatique est d'autant plus importante pour le représentant agricole que «la mise en place d'un couvert nécessite du temps et représente un coût non négligeable, sans forcément d'intérêt agronomique ou économique au final».
La semence a été fournie cette année par Jouffray-Drillaud, mais si cela n'avait pas été le cas, Henri-Bernard Cartier estime à 100-120 €/ha le coût d'installation en semis direct et à 200 €/ha en labour.
Sans compter le préjudice parasitaire engendré. «Les altises et les sésamies se sont régalées du peu de moutarde qui a levé. Dois-je passer un insecticide pour éviter le développement d'un véritable nid à parasites pour les cultures voisines et celles à venir?», se demande l'agriculteur.
Un protocole mis à malQuatre essais ont été réalisés entre une culture de blé et de tournesol dans le Gers: deux en semis direct et deux en non-labour. Les mêmes couverts ont été testés dans tous les essais avec des résultats similaires: seule la moutarde lève. Des reliquats azotés ont été réalisés avant l'implantation, puis d'autres mesures seront effectuées au 15 novembre et au 15 février. Une mesure de la biomasse et de l'azote absorbé sera aussi prise deux mois après le semis, juste avant la destruction, entre le 1er et le 15 novembre. Les composantes du rendement du tournesol seront ensuite étudiées afin de déterminer les effets du couvert sur la culture suivante. Si le protocole est bien défini, la non-levée du couvert risque de mettre à mal les mesures. |
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